14/09/2010

Lao Tseu a dit: il faut trouver la voie


"Ou suis-je? Ou vais-je? Dans quel état j'erre ?" (Jean Tardieu, si je ne m'abuse)

Il est parfois rassurant de constater que, même des artistes très talentueux comme Esther Gagné ont des doutes sur leur travail comme cette ancienne note très drôle peut en témoigner.
Un sentiment de familiarité profonde m'a parcouru à la lecture de sa planche, et bien que je ne possède ni son intelligence ni son trait, je me reconnais pleinement dans ce qu'elle exprime ici. L'incertitude est un sentiment d'autant plus dur à combattre qu'on ne peut trouver soutien dans les autres: ils refusent de nous croire.

Les dilemmes du gribouillard passent aux yeux du monde pour de la fausse modestie. Je serait en fait convaincue que je suis géniale, sans quoi il y a longtemps que j'aurai tout laissé tomber pour aller cultiver des tomates au soleil. Quand au doute, ce n'est rien d'autre qu'une ignoble mise en scène pour inciter le peuple à faire briller mes bottines. Bon, ce n'est pas complètement faux. Il arrive parfois que, faute de compliments spontanés pour redresser l'ego en manque d'attention, on cherche un moyen artificiel de les déclencher. L'auto flagellation en place publique à grand renfort de jérémiades pensées ou non, a le don d'être efficace.

L'ennui c'est que cette auto-flagellation est parfois, même souvent sincère. Il m'arrive RÉELLEMENT de ne pas apprécier ce que je fais et d'avoir RÉELLEMENT l'envie de passer à autre chose. Mes multiples "changements" graphiques (que je considère plus comme de l'évolution personnellement), mes tâtonnements à l'aveuglette, en sont une preuve visible.

Ces retournements de vestes a répétition suscitent l'incompréhension. Récemment, on m'a par exemple reproché de vouloir plaire à tout le monde ce à quoi je me permet de protester vivement car si j'essaie de plaire à quelqu'un, c'est surtout à moi même. Je ne change pas de style parce que je veux faire jouir tel concierge dans sa chaumière, mais parce que je n'éprouve plus aucun plaisir à utiliser l'ancien. La question devient alors: est ce qu'on crée pour soi ou pour les autres ? C'est à partir de là qu'on choisit sa direction. On dit que la persévérance fait renaître le plaisir mais j'ignore pourquoi je déteste autant forcer mon inspiration. Ce viol psychologique à mes yeux n'engendre que des oeuvres avortées.

Être convaincu de son "génie" au point d'ignorer toute forme d'oeil extérieur ne me parait pas non plus être une attitude très saine. Récemment, une certaine "chanteuse" issue de la télé-réalité a montré qu'être son propre (et unique) admirateur suffisait pour motiver la persévérance, malgré des critiques négatives majoritaires. Cela demande du courage et une assurance que j'admire, mais c'est aussi la stratégie de l'autruche. Se mentir à soi même n'encourage pas le progrès, la dite chanteuse le montre également.

Tout ça pour dire que plus j'y songe, plus je me dit que c'est le doute me fait avancer, et que seuls les idiots ne changent jamais.

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A propos de l'illustration, vous remarquerez que j'essaie de me familiariser avec les décors naturels à la gouache. Voici deux autres exemples réalisés à titre d'entraînement:

La colline (sans intérêt)



Le lac


Ce qui frappe ici, ce sont les trous dans la couleur obtenus à coup de couteau. L'embrouille c'est que j'y suis allée beaucoup trop fort et que, ce qui devait faire office de brillance sur l'eau passe plutôt pour un champ de bataille après le passage d'une horde barbare. C'est assez dommage dans la mesure ou par ailleurs, j'étais satisfaite de mon "oeuvre". Il faut dire aussi que le passage au scan accentue beaucoup le relief. En revanche, les feuillages me semblent assez réussis. Le problème majeur à régler restant la gestion de l'opacité.

Si il y a un idéal que j'aimerai atteindre en bd/illustration ce serait une websérie, bien dessinée, peinte à la main, sur un sujet qui rejoigne mes différents centres d'intérêts sans être trop intellectualiste. Je donne peut-être l'impression de me disperser comme un rayon de lune dans un prisme, mais en réalité, tout converge vers ce point là.

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