02/08/2010

Charognards


Je me suis fait cette réflexion en surprenant un corbeau picorer énergiquement dans le ventre ouvert d'un cadavre, celui d'un oiseau. Quel oiseau d'ailleurs, je l'ignore. Probablement un pigeon à en juger par la couleur des plumes, lamentablement éparpillées entre les touffes d'herbes. Le corbeau l'avait-il tué lui même ? Ou l'avait-il seulement trouvé là gisant les tripes à l'air? Je l'ignore également.

Toujours est-il que, saisie de dégoût et de pitié à la vue de ce spectacle morbide (qui me fit immédiatement penser au film "Le Hussard sur le Toît") , je fus presque tentée de lancer la pierre au rapace.
Puis je me suis dit : qui sommes-nous pour le blâmer alors que nous faisons la même chose lorsque nous mangeons du poulet, de la dinde. Ou, plus métaphoriquement quand nous bouffons notre semblable au point d'éparpiller sa vie en miettes ... Avec la différence que nous sommes dotés d'un libre arbitre, d'une capacité de choix, d'une conscience. Que nous sommes en mesure de peser nos actes contrairement à lui qui agit par instinct.

Et c'est en concluant ceci que j'ai passé mon chemin, tandis qu'il me saluait d'un croassement sonore : "Va, petit croque mort, ce n'est pas toi le pire monstre de cette planête. "

4 commentaires:

Shelina a dit…

Objection votre honneur, le corbeau est innocent.

Les corbeaux mangent des rongeurs en général, ou des graines. C'est vrai qu'ils sont charognards et qu'ils ont une sale réput, mais ils sont gentils comme bestiaux. Ils n'attaquent pas les autres oiseaux. A mon avis il a trouvé le cadavre tel quel et il a décidé d'en faire son quatre-heures, rien de plus ! C'était tout pour sa défense. :)


C'était quelle sorte de corbeau ?

Mais je suis tout à fait d'accord avec ta réflexion. L'homme est parfois bien plus cruel envers son semblable que l'animal. D'ailleurs peut-on vraiment parler de "crauté" chez l'animal étant donné que justement il n'a pas de libre arbitre ?

Maidy a dit…

C'est une bonne question ça...très intelligente même, presque un sujet de philo !

Le truc c'est, la notion de morale est-elle inclue dans la notion de "cruauté" ?...S'il y a morale il y a choix. En tout cas si on ne peut pas parler de cruauté, on ne peut pas parler de gentillesse non plus .
Le corbeau est motivé par la survie, quand il a faim, tous les moyens sont bons pour manger.:)


Sinon mon corbeau concrètement je pense que c'était un Freux. Ils pullulent dans mon secteur !

Anonyme a dit…

l'homme est un peu à la croisée des chemins, il dispose certes d'une forme de libre arbitre mais aussi de fonctions pré câblées qui le font rentrer dans des schémas prévisibles correspondants ni plus ni moins à une forme d'instinct. Croître, prospérer, se répandre ; que ce soit l'individu ou la société, chaque échelon reflète ces finalités.

L'intelligence par le biais de la technologie nous a assuré une certaine main mise sur notre environnement mais cette maîtrise n'est que partielle et nous restons dans le cycle (même si nous l'altérons copieusement).

Cruauté et morale sont des concepts fabriqués par l'esprit humain et sont les faces d'une même pièce. Restes que les faces ne sont pas également décorées...

Pourtant malgré ce que je peux avoir écrit, je pense que la pierre n'est pas à jeter à tous ni même de façon identique.
Si l'esclavage alimente depuis la nuit des temps les systèmes économico politiques à l'oeuvre, force est de constater que le problème est aussi dû à la concentration dans les mains d'une minorité d'un pouvoir aussi déséquilibré que puissant. Ce pouvoir étant attrayant, tout est fait pour entraver l'élévation des consciences.

J'ai pour certitude que si les gens, y compris mon humble personne, avaient la possibilité de se détacher de cette vie de malade que la société imprime bien souvent, ils pourraient faire, à leur niveau, d'autres choix. Qui aboutiraient sans doute à une société plus "humaine".
La peur les fait accepter les mécanismes de survie, ils ne sont donc pas si éloignés des corbeaux décris.

Maidy a dit…

Oui, il est évident qu'on ne peux pas mettre les deux sur le même plan de ""culpabilité"".


L'homme est effectivement partagé entre une capacité de penser et un intinc assez flagrant par exemple dans les mouvements de foule...
On l'observe régulièrement dans le métro parisien. Pourquoi diable s'obstiner à caser son gros corps transpirant dans un wagon déja bondé, quitte à tuer père et père, alors qu'il suffit d'attendre le suivant pendant cinq minutes ...parce qu'en présence d'un troupeau, l'homme se greffe à la conscience commune de ce troupeau oubliant au passage toute forme de rationnalisme. Le fameux "intinc grégaire", l'éternelle histoire des moutons de panhurge...
Et pourtant on a le choix de rentrer ou non dans ce putain de wagon . Mais l'humain est soudainement poussé par la peur de ne pas arriver à bon port, ou il s'imagine peut-être que d'une minute à l'autre, tous les autres wagons vont disparaitre par la magie de Dumbledore, que sais-je...Il y a des jours ou les gares manquent de chiens de berger...

Bref, pour revenir à mes moutons (ah ah) je suis d'accord avec l'idée que la vie en société n'arrange pas les choses. Après je n'irai pas sombrer jusque dans le mythe du bon sauvage mais on remarque tout de même que les individus deviennent plus altruiste lorsqu'ils ne sont pas soumis à la pression de la meute.

Après, bien que je m'y efforce de part ma misanthropie profonde, je ne prétend pas être différente.

Il y a aussi l'histoire de la "morale naturelle" ou pas ...

PS : "stscomo" me dit le système de vérification ci dessous. Serais-un un abrégé de "système commun" ? C'est assez a propos ! ^^